Je suis l'Enfant de Dragon. Il y avait encore si peu de temps, je l'ignorais. Ah ! Quelle heureuse surprise. Aussi curieux que cela puisse paraître je dois la vie à Alduin, le fléau de Bordeciel, le dévoreur de monde. S'il avait su, il se serait bien gardé d'interrompre ma mise à mort. Eh oui, moi, Baldur, humble nordique, étais condamné à me faire écourter de quelques centimètres pour... un crime sans importance - si vous aviez le nombre de méfaits que j'ai désormais commis. A peine me remettais-je de cet incident plutôt conséquent que je me faisais traîner par une bande de rebelles Sombrage scandant que le jarl Ulfric Sombrage était le roi légitime et bla bla bla bla... En tant que nordique, je me devais de le suivre étant donné que la Légion désirait interdire le culte de nos dieux - par Talos, les monstres ! Je suis rapidement devenu le fer de lance des Sombrage ; décimant des armées entières, infiltrant les forts les mieux gardés, déjouant la majorité des plans de l'ennemi, j'étais à la tête de tous leurs espoirs !  Grâce à moi ils ont marché sur Solitude, capitale de l'ennemi mais... ils m'ont abandonné. Ah, les fils de chien ! Savez-vous ce que Ulfric m'a lâché après des mois de bons et loyaux services ? Que je pouvais vaquer à mes occupations et qu'il me rappellerait s'ils avaient encore besoin de moi. C'est donc plutôt furieux que je les ai laissé se chamailler avec les quelques résistants et réfractaires, la rage au ventre pour mieux abattre quelques dragons - parce que avouons-le, mon sang ne cessera jamais de bouillonner du plaisir que cela me procure.

Car des dragons, il faut parler. Ils n'étaient que légende et quand je suis allé vers le jarl Balgruuf pour lui faire part de ma dernière expérience traumatisante - apercevoir un lézard géant ailé cracheur de feu à l'instant où le bourreau allait abattre sa hache sur ma nuque -, il m'a d'abord pris pour un fou avant de se rendre compte que mes dires étaient annonciateurs d'une horrible vérité. Ah, et puisque j'étais un des premiers à en avoir aperçu un, je fus envoyé à la rencontre du reptile titanesque - chose absolument absurde, qu'on s'entende bien. J'étais un clampin, un moins que rien aux yeux de tous et me voilà à tirer des flèches avec mon arc de chasse sur les écailles quasi impénétrables d'une terrible bête monstrueuse... Que j'ai fièrement abattu. Et là, ah, quelle surprise m'accueillit. Toutes les personnes présentes autour de moi restèrent bouche-bée avant qu'enfin l'un d'eux accepte de parler «  Vous avez absorbé l'âme de ce dragon... Vous... vous êtes... l'Enfant de Dragon. » A cet instant, une vague d'honneur mêlée à une incroyable angoisse liée à l'incompréhension vint s'emparer de mon être. Je ne savais que peu de choses à propos de cette légende. Je manquais de défaillir en entendant, du ciel, une voix caverneuse, venue d'un autre temps, m'adresser la parole ; les Grises Barbes. Maîtres ultimes de l'art de la voix, du thu'um, je leur dois tout mon apprentissage - bien que, étant Enfant de Dragon, il me suffit d'un essai pour maîtriser un cris, alors que la moyenne pour un humain est d'une décennie. Je m'en veux énormément aujourd'hui de les avoir en quelques sortes trahi en assassinant leur maître ultime mais... je ne pouvais me permettre de le laisser en vie. Les crimes qu'il avait lui-même commis durant un autre âge suffisaient à me mettre hors de moi. Certes, certes, c'est grâce à eux que j'ai vaincu Alduin. Mais qu'étais-je censé faire ? Quel horrible poids que celui d'avoir à faire des choix. J'ai des dizaines, des centaines, des milliers peut-être, de regrets. Ils me dévorent l'âme chaque jour mais que puis-je y faire ? Je n'étais pas préparé à être l'homme que je suis aujourd'hui. Car au-delà d'être l'Enfant de Dragon, d'avoir un jour été le meneur des Sombrages, je suis également l'Oreille noire, dirigeant de la Main Noire, une confrérie d'assassins, le Hérault des Compagnons, mercenaires aguerris, membre à part entière des voleurs - vous ai-je déjà déclaré que j'avais de sérieuses tendances à tout dérober ? - et bien d'autres choses encore - comme membre de l'académie des Barbes... Les daedras, démons de notre monde, ont souvent fait appel à moi et j'ai même une fois goutté à la chair humaine - mais suis rapidement revenu vers le ragoût d'ours. Mais si je devais vous conter l'entièreté de mes péripéties, il nous faudrait de nombreuses heures qui vous paraîtraient interminables.

Une de mes plus grandes aventures fut sans doute ma première entrée dans la Gare Centrale. Suivi par un énergumène de service ne cessant de me répéter qu'il s'était pris une flèche dans le genou, je m'étais aventuré avec toute la furtivité dont je pouvais faire preuve dans ce monde inconnu. J'étais habitué à avancer dans les ténèbres, à vaincre les pires monstres mais cet endroit me semblait truffé d'ignobles créatures prêtes à me dévorer... La première personne que j'eus en ce jour rencontrée doit encore bien rire de la tête que je tirai quand, après avoir valeureusement hurlé "FUS RO DAH", je me rendis compte que ma voix n'avait sur lui, aucune influence. Malheureusement pour lui, mes poings frappaient encore et, me sentant soudainement menacé, il en goutta un peu trop à son goût. Après ce petit interlude de panique, je finis par comprendre que cet endroit était sans danger apparent et pouvait être considéré comme un lien d'échange avec les autres jeux et, qu'en fin de compte, c'était plutôt agréable de s'y promener. Et d'y boire !

Mais je suis le Dovahkiin. Et savez-vous ce que cela signifie ? Je suis celui qui a anéanti Alduin, le dévoreur de monde ! Cet infâme dragon réveillait les siens, insufflant la vie au sein de leur squelette pourrissant dans les tertres. Je suis allé jusqu'à me rendre en Sovngarde, l'autre monde, celui où les guerriers reposent en l'attende de la bataille finale, capturant à un dragon légendaire pour qu'il m'y emmène, afin de donner fin au règne de cette ombre écailleuse. Il est mort, mort, mort, mort ! Celui que personne n'a jamais réussi à faire choir du ciel ! Depuis des millénaires, il terrorisait ce monde. Mes ancêtres avaient réussi à ralentir son avancée en l'envoyant dans une brèche temporelle mais celle-ci l'a guidée jusqu'à mes jours. Et il l'a regretté. Et dire que malgré ça, les gardes me demandent encore si j'ai perdu ma pâtisserie... Un jour, je finirai par perdre patience. Ah, mais, en fait, je l'ai déjà fait. Il m'arrive souvent de déchaîner mon thu'um sur ceux qui ont encore l'audace de se moquer ouvertement de mon être. Ça leur apprendre à développer un peu plus de respect envers celui qui a sauvé leur monde.

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